JE ME SOUVIENS . 1 (émois, bonheurs, désillusions)

Ces « JE ME SOUVIENS » sont un tout premier montage de réminiscences des 3 coauteurs, désignés ci-dessous par les initiales de leurs prénoms : A (Alfred), C (Claire), O (Olivier). D’autres montages à une ou plusieurs voix jalonneront les prochaines livraisons.

ÉMOIS, ÉMOI…

Audrey Hepburn, dans LOVE IN THE AFTERNOON (Ariane)

C : Je me souviens de mon premier émoi amoureux pour un long cil.

O : Je me souviens du petit cratère que j’ai creusé à sept ans à la vue d’une jolie rousse en frottant mon ventre au sable de la plage d’Hendaye.

A : Je me souviens d’Evelyne, dix-huit ans, sportive, une superbe plante, dire à ses copains d’université qu’il y avait encore de la place dans son lit.

O : Je me souviens du nombril géant d’Anita Ekberg sur les affiches de ZARAK LE VALEUREUX.

C : Je me souviens, comme si c’était hier, de mon premier rendez-vous avec celui qui a partagé ma vie pendant vingt-sept ans.

C : Je me souviens du premier appel téléphonique passé à Alain  : « Allô! Étoile 3637, Bonjour, j’aimerais parler au maître de la Planète. »

C : Je me souviens du premier repas pris avec lui au restaurant Les Petites Écuries, rue Conti : un repas confidence, je ne voulais pas qu’il soit déçu celui-là, il me plaisait trop.

C : Je me souviens de ma fierté d’être sa femme et de ma crainte de ne pas être celle qu’il lui fallait.

A : Je me souviens qu’il y avait dans les années soixante, à Paris, un numéro de téléphone flottant sur lequel on pouvait se brancher, parler à des jeunes femmes et leur donner rendez-vous.

O : Je me souviens de Maria Félix arpentant comme une reine les allées du Marché aux Puces sous les regards ébahis des passants ; d’Harriet Andersson courant nue vers la mer dans MONIKA ; des pubis floutés des nymphes grassouillettes de Paris Hollywood ; des fesses rebondies de Cunégonde dans l’édition de Candide illustrée par Brunelleschi.

C : Je me souviens de mes premiers émois d’enseignante : je savais que là était ma place de femme.

C : Je me souviens de notre séjour à Venise où je suis tombée amoureuse du Caravage et d’un magnifique portrait de jeune homme du Titien.

BONHEURS

 

Doris Day (et John Raitt), dans THE PAJAMA GAME (Pique-nique en pyjamas)


 

 

 

 

 

 

O : Je me souviens du Kaiserschmarren (crêpes épaisses, au sucre et à la confiture de myrtille) de la Seiseralm de Santa Christina, sublime étouffe-chrétien qui me ramena des années plus tard vers ce haut pâturage tyrolien sans égal en Europe.

C : Je me souviens du bien-être que j’éprouvais dans MES montagnes, l’impression de liberté, de vivre pleinement chaque moment, chaque paysage.

O : Je me souviens de l’émerveillement qui me saisit lors de ma première permission quand je redécouvris  successivement la Place de la Concorde en taxi et l’intérieur du réfrigérateur familial.

C : Je me souviens de mon désir fou de retourner à Venise et de voir Rome.

 

DÉSILLUSIONS, NOSTALGIES ET PETITS DÉBOIRES (Noir, c’est noir)

Lucy Muir (Gene Tierney) dans la brume des regrets

 

 

 

 

 

 

 

O : Je me souviens d’avoir gâché un face-à-face pour avoir voulu faire une surprise à une actrice pour qui battait mon cœur.

C : Je me souviens de ma vie merveilleusement banale qui me manque tant.

A : Je me souviens d’avoir interviewé un écrivain hollandais à Saint-Malo en compagnie d’une fort jolie interprète que j’avais sollicitée, pour apprendre le lendemain qu’ils avaient passé la nuit ensemble.

O : Je me souviens des deux gifles que j’ai jamais reçues de mes parents.

C : Je me souviens que j’ai tellement fait le ménage dans ma vie que j’en ai oublié l’essentiel : vivre.

O : Je me souviens d’un entretien filmé, avorté sans raison valable par le réalisateur que j’admirais le plus, et qui me reprochait de lui poser des questions dont je connaissais la réponse.

C : Je me souviens du sauvetage d’une petite, mignonne, délicate souris blanche qui, pour tout remerciement, dévora mon fauteuil.

A : Je me souviens d’avoir acheté au Maroc, pour une bouchée de pain, après de longues discussions, un étui en cuir et, revenant à l’hôtel, m’entendre dire par le concierge que je m’étais « encore fait rouler ».

A : Je me souviens de m’être trouvé à Munich en mai 68 et de m’être vu refuser mes francs dans un bureau de change, du fait que « Mein Herr, votre monnaie ne vaut plus rien ».

O : Je me souviens d’avoir vainement demandé qu’on m’offre une chevalière en or pour mes douze ans.

(À suivre…)

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