Titre général de la trilogie de Julien Blanc : « Seule, la vie… » Tome I, celui-ci, tome II Joyeux, fais ton fourbi, tomme III Le temps des hommes (les deux à paraître).
La confusion des peines est la mise à plat d’un opposant irréductible. Un père mort avant sa naissance, une mère, belle, trime pour gagner sa vie, tout amour pour son fils, meurt trop tôt. Le coeur de l’enfant chavire. Julien se retrouve entre les mains de sa marraine, une femme d’un rigorisme insupportable. L’enfant grandit, multiplie les infractions à la morale, sort à pas comptés du paradis de sa mère, entre en rébellion, entasse les délits, apprend à mentir. En conséquence, il passe d’une pension religieuse à une maison de correction, ne s’amende pas, est battu, privé de dessert, jeté au cachot, les punitions ne se comptent plus, les fessées pleuvent. Julien ne croit pas à la bonté des grandes personnes. Il s’enfonce dans la délinquance. Ses aveux sont donnés sans justifications ni regrets, loin du pathétique populaire d’un Hector Malot. Ce livre surprend par sa franchise, par la sobriété du récit qui conduit le lecteur d’une réalité à une autre convaincu que tout vérité est bonne à dire, passant du dire vrai à l’évidence parce qu’un caractère qui se forme se forge contre une société qui refuse les esprits récalcitrants. Publié pour la première fois en 1943, ce lent dévoilement d’une enfance est d’une actualité brûlante. C’est un classique du genre.
Alfred Eibel
Finitude, 254 p., 20 €.