Je me souviens de l’Hôtel des trois canards, de la Chapelle au clair de lune, du Clocher de mon cœur, de la Petite église.
Je me souviens de la mercière rouge, boutique où l’on vendait des bonbons de toutes sortes, rouleaux de réglisse, boites de coco, roudoudous, miettes de biscuits conditionnées dans des emballages de paquets de gris, boules changeantes, semsem gomme (le chewing gum de l’époque).
Je me souviens du temps du scoutisme, uniforme bleu marine, foulard bagué, chapeau à quatre bosses, genre police montée, bâton ferré.
Je me souviens des feux de camps et des chansons : “Le ranz des vaches”, “Une fleur au chapeau”, “Chante et danse la bohème”, “Les deux compagnons”.
Je me souviens des marches forcées, des jeux de nuit, du salut au drapeau, des corvées, du froissartage, des poignées de main gauche, des saluts à trois doigts, de la mélodie sifflée à l’imitation du chant du loriot.
Je me souviens de la mélodie pseudo grégorienne “Ego sum pauper”, on disait : “Ego sum Popeye”.
Je me souviens de Marie Rose : la mort parfumée des poux. Je me souviens de la question : “êtes-vous sûr de bien voir ?” et de l’affirmation : “Votre argent m’intéresse”.
Je me souviens de “Chattanooga Tchou tchou”, de “Atcheson, Topeka and the Santa Fe”, de “In the mood” (en français “Dans l’ambiance”)
Je me souviens d’”Une fleur de Paris”, de “Ça sent si bon la France”, d’’Étoile des neiges ».
Je me souviens de Bach et Laverne, de Charpini et Brancato, de Patrice et Mario.
Je me souviens de cavalcades dans le métro à la correspondance de la station Jaurès pour attraper le premier ascenseur en partance pour le métro aérien.
Je me souviens de “Botzaris, tout le monde descend !”
Je mes souviens de la flopée de cinémas sur les rives de l’avenue Jean Jaurès et de la non moindre abondance de salles rue de Belleville et au-delà.
Je me souviens avoir vu en attraction entre deux films, au Théâtre de Belleville, le tour de chant de Fréhel, grande vedette sur le déclin, épaisse, volontiers vulgaire.
Je me souviens des tubes de la TSF “Le beau Danube bleu”, “Le Boléro de Ravel”.
Je me souviens de Tito Schipa, de Benjamino Gigli, d’André Baujé.
Je me souviens d’une série de dialogues quotidiens, diffusés sur les ondes, écrits et interprétés par deux humoristes placides et farfelus : Grégoire (alias Roland Dubillard écrivain apprécié des connaisseurs) et Amédée qui a joué dans le film “Jeux interdits”.
(à suivre)