Je hais le téléphone!

TÉLÉPHONE

 

 

 

Me voici de retour dans cette maison de l’Oise où nous passions près de la moitié de l’année. Maison aimée pour bien des raisons, en particulier pour sa luminosité, son dépouillement, la rigueur de ses lignes et volumes. Elle intimidait certains, mais séduisait des gens réputés « simples », que j’ai vu rester béats d’admiration, osant à peine franchir le seuil.

Quelques photos et affiches ornent les murs blancs, mais aucun de ces « souvenirs » qu’affectionnent tant les générations passées n’encombrera jamais le dessus du long buffet parallélépipédique en stratifié blanc de la salle à manger. Il dissuade les plus fervents amateurs de napperons, portraits grand-maman, peluches et fanfreluches ramasse-poussière d’investir son territoire et d’en troubler l’hygiénique austérité.

Il est pourtant, sur ce buffet, un objet chargé de souvenirs : le TÉLÉPHONE. J’ai quelques bonnes raisons d’apprécier, mais aussi de détester cet accessoire. Je hais qu’il sonne au plus mauvais moment, et soit le messager de tant d’appels masqués qui font grimper ma tension en flèche. Je n’aime pas sa sonnerie numérique qui me fait regretter les appareils à cadran de l’époque du « 22 à Asnières », dont le timbre guilleret mettait en branle toute la famille.

Je ne pousserai pas la mauvaise foi jusqu’à prétendre que ce téléphone d’un joli design n’est qu’un intrus. Il m’a été utile plus fois, dans ce secteur qui fut mal desservi par les grands réseaux. Mais je lui dois aussi les deux pires souvenirs des quatre dernières années, qui me rendent incurablement méfiant à son égard. C’est son clignotant rouge, qui un matin d’octobre 2009 me fit rappeler l’hôpital de Pont St. Maxence pour l’annonce que j’espérais ne jamais entendre. C’est encore lui et son satané clignotant, qui un matin d’août 2013 me fit pressentir que je serais désormais « orphelin » à plein-temps.

Durant l’intervalle, mon premier regard du matin a toujours été pour lui. Bien que n’aie plus de raison de le craindre, ma défiance et ma répulsion restent vives. Je sais qu’un jour une bonne, une vraiment, vraiment BONNE nouvelle m’en guérira, mais pour l’heure…

O. E.

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