Noëls d’antan

Claire Garsault : « Mes Noëls Préférés »

 

 

 

 

 

 

Il n’y a pas de vrai Noël sans des enfants fébriles qui comptent les heures, les minutes, les secondes qui les séparent du moment magique de l’ouverture des cadeaux…. Et  même si Papa Noël n’a pas répondu à tous leurs vœux, il n’y a pas de déception.

Il n’y a pas de vrai noël sans cette croyance irrationnelle en un vieux bonhomme ventripotent à barbe blanche et costume rouge, tonitruant d’une voix grave son célèbre «  OH! OH! OH! …. »

Il  n’y a plus de vrai Noël lorsque les enfants ont grandi et attendent de trouver leurs demandes, non, leurs exigences, au pied du sapin. Ils sont alors capables de remercier du bout des lèvres le cadeau inutile de la tante machin ou du cousin truc qui avait pourtant choisi avec leur cœur la petite attention…

Rendez-moi ces Noëls magiques, où nous parents, nous étions les Pères Noël.

La première difficulté et, non la moindre, est de se renseigner discrètement sur les désirs véritables des chérubins, qui  ont une fâcheuse tendance à changer d’avis toutes les cinq minutes. Le pire étant une fois le cadeau acheté, s’entendre dire que cela ne plait plus et qu’il ou elle préfère celui là… Alors il faut  entrer dans une grande tractation pour faire revenir le petit sur sa décision. Parfois cela marche, parfois non et,  alors, on compte sur le temps de délais avant le grand jour pour que cette nouvelle lubie soit oubliée. Et, malheureusement, trop souvent, c’est sans compter sur la ténacité de ces petites bêtes… On promet alors le cadeau tant espéré pour l’anniversaire, en fournissant des excuses pas toujours crédibles, mais il faut bien faire rejaillir la faute sur quelqu’un donc : « le Père Noël n’a pas dû le trouver », ou « tu l’as demandé un peu tard », ou « tu sais, il est vieux il oublie parfois »….

Deuxième difficulté, trouver la cachette idéale donc introuvable par des enfants trop curieux. La meilleure cachette est, d’après mon expérience, des sacs de poubelles placés négligemment et bien en vue dans un coin du sous-sol sur lesquels sont déposés négligemment quelques vieux vêtements qu’on dit à donner…

Troisième difficulté, lorsque les grands-parents s’invitent au Réveillon de Noël et qu’ils sont tout aussi impatients, que leurs petits enfants, à voir la réaction que produira leur cadeau. Donc, il faut manager et les petits et les grands tout en veillant à ce que le repas du réveillon soit à la hauteur.

Dans cette situation, décision prise pour éviter une trop grande fatigue du lendemain que le Père Noël descendra par la cheminée juste avant le dessert. Grand-mère est chargée de détourner l’attention des « trop curieux ». Tous les stratagèmes sont bons « Vous me montrez si vous avez bien rangé votre chambre pour que le Père Noël soit content de vous », « Et si j’allais vous lire une petite histoire pendant que maman finit de préparer la bûche ? », …

Alors, dès que l’on entend la voix de grand-mère raconter ou s’exclamer, s’organise une chaine humaine : Papa à la cave qui passe les sacs à Tonton dans l’escalier qui les passe à Grand-Père dans le couloir, qui les passe à Mamie qui les donne à Papi dans la grande salle qui sort un à un les nombreux cadeaux que Maman dispose sous le sapin….

Un « A table » donne le signale à grand-mère pour faire redescendre les fêtés.

« Papa Noël est passé ! Tu l’as vu ? dis pépé ? » « Non, je dormais, tu sais que je m’endors souvent à table… » «  Et toi tonton ? » «  Moi, je n’ai rien vu, j’étais allé dehors chercher quelque chose dans ma voiture. » et toi, et toi,…. Tout le monde a un bon alibi….

Alors, vient ce moment magique de l’ouverture des cadeaux, et chose merveilleuse il y a aussi des paquets pour les parents….

Finalement, on se demande si le plus intéressant pour nos petits, n’est pas de déchirer les paquets, puisqu’ils le font en chaine ; à peine  ouverts ils sont mis de côté et passent au suivant.

La tête des grands-parents qui voient leurs cadeaux à peine découvert, déjà délaissé : « Il ne te plait pas ? C’est pourtant ce que tu avais demandé au Père Noël …»… Il faut une fois encore gérer l’impatience de la découverte des enfants et la déception des grands-parents « Attends Mamie, il va y revenir. Je suis sûre qu’il va beaucoup y jouer… »

Au bout d’un quart d’heure, il est impossible de mettre un pied devant l’autre, entre les paquets éventrés et les tonnes de papier cadeaux qui jonchent le sol.

Puis, vient le moment tant redouté par tous les parents (non bricoleurs et il y en a) lorsque les enfants sont d’âge Barbie ou Legos : le montage !

Comme le réveillon est celui de la découverte des cadeaux, on a la possibilité de montrer la pendule et de remettre au lendemain la corvée…. tout en préparant le repas de Noël.

Une autre chaine s’organise, dont bien souvent mes hommes étaient exclus : la montée des cadeaux dans les chambres, la mise en pyjamas et le couchage des enfants trop excités pour trouver le sommeil.

La fatigue gagne aussi les grands-parents qui quittent une maison à ranger…. La nuit va être courte mais qu’importe la joie des enfants est la plus belle des motivations.

Que ces Noëls me manquent ! Comme j’aimerais les revivre, maintenant que les enfants sont grands. Mais, entre nous, j’attends avec impatience qu’ils aient à leur tour des enfants et que je retrouve ainsi la magie de Noël.

P. S. Le pot aux roses fut découvert, le jour où ma grande a échappé à la vigilance de la grand-mère et a vu la valse des sacs poubelles…. Mais elle a su garder le secret pour son petit frère !

 

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Maudit herbier ! (Introduction à LA COLLECTION)

 

 

 

 

 

 

 

Orchis vanille! Ce nom de fleur, que j’avais cru rayer de ma mémoire depuis des décennies, m’est soudain revenu en pleine nuit, la semaine dernière, et j’ai su instantanément pourquoi je détestais les maniaques des herbiers et les chasseurs de papillons, les collectionneurs de coquillages et les Tartarin de tout poil qui accrochent à leurs murs des têtes de lions ou d’antilopes.

Retour en arrière : Morzine, été 1957. J’ai treize ans, mes parents m’ont confié pour le mois de juillet à ma grand-mère paternelle, qui a également la charge de ma jeune cousine. Nous sommes logés à l’hôtel « Chez Nous », que tiennent deux charmantes demoiselles d’âge mûr. Ambiance familiale, bien trop farniente pour moi qui ai pris à cinq ans l’habitude de crapahuter dans la montagne dès le lever du soleil et de ne revenir au « camp de base » qu’en fin d’après-midi. Ici, l’on s’ennuie ferme toute la matinée à jouer au ping-pong ou au volant, et l’après-midi n’est guère plus athlétique car ma chère aïeule abuse du télésiège, flâne le long des chemins et entend que chaque sortie soit éducative. J’ai hérité, côté maternel, d’habitudes très strictes concernant la pratique de la montagne : on part tôt, on ne bavarde pas, on s’arrête brièvement pour reprendre son souffle toutes les 10 minutes, on observe une pause de 5 minutes par demi-heure, etc. Pour que l’exercice soit aussi profitable physiquement que mentalement, il doit s’accomplir sur un rythme aussi uniforme que possible, et de façon quasi continue jusqu’à l’heure du casse-croûte, qui marque la fin de la montée, l’après-midi étant réservé à la descente pour ne pas nuire à la digestion.

Or, pour ma grand-mère, tout est prétexte à s’arrêter pour admirer non pas le paysage (guère palpitant en été dans ce coin de Haute-Savoie), mais la FLORE. S’il y a une chose qui m’indiffère depuis toujours, ce sont les petites fleurs ; mon intérêt commence à l’arbre. Qu’importe, nous ne sommes pas là pour nous distraire, mais pour nous instruire. Ma cousine et moi sommes partis de l’hôtel avec chacun son herbier à la main, et nous voilà sommés de repérer les différentes espèces rencontrées en chemin, d’en prélever soigneusement un échantillon, de l’insérer entre deux pages, en attendant de le coller et de le légender le soir à l’hôtel.

Inutile de dire que je n’ai eu qu’une hâte, sitôt rentré à Paris : flanquer à la poubelle ce maudit herbier, qui symbolisait à lui seul le pire usage qu’on puisse faire de la montagne.

Et voilà pourquoi tous ceux qui thésaurisent, trient, accumulent sans raison, tous ces « collectionneurs qui collectionnent pour collectionner », comme disait Cendrars, me mettaient si mal à l’aise depuis quatre décennies. D’avoir compris cela aujourd’hui me soulage d’un grand poids…

Post-scriptum

Ce qui précède n’est qu’un « teaser » destiné à introduire le thème multiforme et passionnant de la COLLECTION, sur lequel le trio A. C. E. commence tout juste à travailler. Rendez-vous dans les prochaines semaines pour connaître le produit de nos recherches et doctes réflexions.

La photo de l’orchis vanille est sur :

http://www.djibnet.com/photo/schweitz/orchis-vanille-gymnadenia-rhellicani-4819300222.html

 

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Le premier salaire

Claire Garsault : « Première paye, premiers achats »

 

 

 

 

 

 

(Collection hiver 2009-2010)

Un mois, j’avais travaillé tout un mois !

Qu’il était doux de se savoir enfin en vacances. Le mois d’août m’appartenait !

C’est bien les vacances, et c’est encore mieux quand un des deux mois est gratifié d’un chèque pour services rendus à la Sécurité sociale.

Un mois où il m’avait fallu classer les feuilles de soin dans des kardex. Un mois où il m’avait fallu entendre les histoires, pas toujours drôles, et les plaisanteries,  rarement très fines, de mes collègues de travail.

Qu’importe, le grand moment était venu : constater sur le compte chèque nouvellement ouvert pour  l’occasion, la somme qui m’était attribuée : 1600 francs. Une fortune quand on a pour tout argent de poche 100 francs sur lesquels on doit prélever son transport, sa nourriture du midi et les fournitures scolaires.

Une fois la ponction familiale faite – il semblait de tradition de payer un loyer lorsque l’on travaillait -, il me fallait donc amputer mon salaire de la somme de 600 francs.

Il me restait en main encore une somme rondelette. Maintenant qu’en faire ? Des projets j’en avais, mais correspondraient-ils à mes possibilités ? Surtout que l’on m’avait prévenue qu’il me fallait garder de l’argent pour l’année en cours.

Calculs faits je devais pouvoir disposer d’au moins 250 francs.

Une fortune pour quelques achats vestimentaires….. Alors rendez-vous prit avec ma meilleure amie, Martine.

Premier lieu visité, le traditionnel magasin familiale où l’on m’achetait mes chemisiers blancs et mes jupes plissées : le Printemps. Il faut dire qu’à l’époque, le Printemps n’avait rien à proposer à une jeune fille qui voulait un peu s’émanciper de la vision parentale quant aux vêtements qui devaient remplir l’armoire.

Tout ce que je proposais à Martine ne recevait que sa désapprobation.

C’est donc dans les rues adjacentes qu’elle m’entraina : rue du Havre, rue Tronchet….

Les étiquettes des prix valsaient devant mes yeux, j’aurai tant aimé pouvoir m’offrir aussi une paire de chaussures !!!

Des vêtements merveilleusement à la mode à des années-lumière de mon style de petite bourgeoise bien élevée !

« Dorothée Bis » Un magasin inconnu… Mais les modèles étaient tentants, bien installés sur leur mannequins sans expression.

Mon regard fut tout de suite attiré par une petite robe bleue (un peu conditionnée certainement par des années de bleu règlementaire), mais ce bleu-là était agrémenté d’épaulettes rouges, couleur que l’on retrouvait aux poignets et à l’ourlet.

Une merveille d’élégance et de style. Une robe en maille sans col, droite, aux antipodes de mes chemisiers à col rond et de mes plissés…

Une fois enfilée, j’ai pu admirer la nana qui était dans le miroir de la cabine d’essayage. Elle me plaisait bien, elle avait une certaine élégance, elle faisait plus femme….

Tout mon petit pécule y passa, mais quelle fierté de ressortir avec un sac « Dorothée Bis » et une robe unique que je ne retrouverai sur personne.

Il n’y aurait pas de paire de chaussures pour aller avec, ou alors il faudrait que j’en trouve une qui ne grève pas trop mes économies.

Allez ! Un petit tour Chaussée d’Antin …. Il y avait dans une vitrine des petits mocassins bleus avec un petit talon, juste ce qu’il fallait pour allonger la silhouette. Pas le temps de la réflexion, l’achat fut vite fait.

Je me sentais, d’un côté fière, de mes achats mais, de l’autre, un peu coupable d’avoir autant dépensé. Tant pis, je ferais des économies sur autre chose, et ma mère ne s’en rendrait peut-être pas compte.

C’est compter sans la perspicacité d’une mère aguerrie aux calculs savants d’un budget à tenir. Ma joie fut de courte durée, car non seulement elle put faire une estimation juste de mes achats mais plus difficile à supporter, elle n’aima pas du tout, trouvant même que cette robe me donnait l’air d’une « dévergondée ».

Et pour éviter toute récidive, elle me confisqua à son profit mes économies afin de m’aider à mieux gérer mon budget.

Cette robe, acquise à dix-huit ans, je l’ai gardée longtemps… et je l’ai toujours aimée. Elle a été la première étape de mon émancipation et le début d’une recherche vestimentaire qui allierait bon goût et élégance.

 

 

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Scandale du dressage

Jacques Sommer : « Cirque et animaux de cirque »

 

 

 

 

 

Qu’est-ce que l’homme? Est-il bon, est-il mauvais, est-il ou non créature nuisible et, si oui, peut-on l’espérer perfectible, susceptible de progrès moral dans sa relation à autrui ? Son destin est-il de suivre la pente du bourreau, plutôt que de remonter celle du respect et de la dignité ? Et quel serait l’instrument, l’appareil de mesure qui le déterminerait ? Et aussi bien, quel événement, ou quel spectacle ?Oui, quel spectacle, et parmi les plus populaires, les plus répandus, les mieux acceptés, le spectacle de cirque, quand il prend pour sujet les animaux et ce qui s’ensuit, le dressage de ces mêmes animaux. D’y assister, voilà ce qui est absolument hors de ma portée, voilà ce qui représente à mes yeux le scandale absolu.

De mes après-midis au cirque, durant mon enfance, je ne me souviens que des clowns. Les prodiges d’acrobaties ne me retenaient guère, et je n’ai nulle mémoire d’avoir jamais vu une séance d’animaux dressés. Mais sans doute avais-je l’intuition que celle-ci me mettrait mal à l’aise, jusqu’à la nausée ou la défaillance, que je ne supporterais pas. La refuser m’était déjà un impératif. Ce fut la lecture de Michaël, Chien de Cirque dans la collection de la Bibliothèque Verte, et surtout de l’avant-propos, mille fois lu et relu, qui mit en accord total mon sentiment et ma raison. Je ne me suis jamais éloigné de ce texte, juste hommage de ma part à ce qui, de révélation, me devint référence. Aujourd’hui encore, dès qu’il est question d’animaux exhibés sur la piste, résonne en moi la parole de Jack London, son intelligence, sa générosité, sa force d’âme, son courage, sa compassion, son humanité, son expérience exceptionnelle d’un vie âpre, multiple et dangereuse, et la justesse définitive de son jugement.

 

 

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Trois camarades

Olivier Eyquem : « Destination Lune! »

 

 

Nous étions trois garçons : Philippe, Alain et moi, âgés de sept à huit ans, qui faisions nos études à l’École Lacordaire, dans le 15ème arrondissement de Paris. Nous habitions un secteur délimité par l’avenue Félix Faure, la longue rue de la Convention et la petite rue de Plélo, mais gravitions tous trois dans un espace bien plus vaste, ouvert sur l’infini. À la sortie de classe, nous regagnions par le même chemin nos domiciles, et ces quelques centaines de mètres parcourus de concert étaient une rampe de lancement idéal pour faire décoller nos imaginations. Imprégné de Jules Verne – mon auteur favori à l’époque -, j’avais lu la plupart de ses titres dans la Bibliothèque Verte, dont son diptyque lunaire qui m’avait enflammé. Verne donnait des descriptions assez précises de sa fusée pour qu’on puisse la dessiner. Les illustrations achevaient de vous propulser vers un ailleurs où tout semblait possible. Le rêve à portée de main…

J’avais communiqué mon enthousiasme à mes deux copains, et commencé à dessiner les plans de l’engin qui nous amèneraient sur la lune. L’aspect purement mécanique de la fusée, le choix du carburant, le calcul de la poussée nécessaire à son décollage et à sa sortie de l’atmosphère… tout cela m’intéressait bien moins que le confort de son intérieur. Comme Verne, je le souhaitais douillet et bourgeois. Cela devrait ressembler à un salon fin 19ème où nous aurions plaisir à converser devant une assiette de pain beurré et un verre de cacao ou de lait chaud. Le long de la rue de la Convention, nous peaufinions quotidiennement l’aménagement intérieur au fil d’échanges passionnés. Un jour, nous nous aperçûmes qu’il faudrait quelqu’un à bord pour faire la cuisine. Une femme… « Vraiment, tu crois que c’est nécessaire? » Ma mère accepta gentiment de jouer ce rôle qui ne la changeait guère de son ordinaire. Les deux copains l’acceptèrent sans faire de manières.

Nos trois tirelires ne suffisant pas à le financer, le projet échoua… Il fut repris plus tard par les Russes et les Américains.


 

 

 

 

Post-scriptum

Philippe est devenu médecin, et a passé de longues années en Afrique. Nous nous sommes croisés dans le quartier pour la première fois depuis des décennies et projetons de nous revoir. Alain, l’un des trois meilleurs amis que j’aie jamais eus, s’évanouit un jour dans la nature, allant se perdre au fin fond de sa Bretagne natale. Nous nous étions quittés en excellents termes, comme à l’ordinaire, mais il ne s’est plus jamais manifesté. Il me serait facile de savoir ce qu’il est devenu en écrivant à son frère, autre bon copain exilé pour sa part en Suisse, mais je crains trop qu’il ne m’annonce de mauvaises nouvelles.

Quant à moi, j’ai continué de rêver et d’écrire sur les rêves de dizaines de cinéastes J’ai arrêté de tracer des plans, ma fusée n’a pas décollé, mais je me sens raisonnablement à l’aise dans l’espace que je me suis bâti.

 

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Papou au square, souvenir d’enfance

Hélène Merrick : « Papou au square »

Papou, mon grand-père maternel, venait de temps en temps à Paris pour nous voir. Il ne travaillait plus et pouvait ainsi passer quelques mois avec nous. C’était une époque où les parents âgés n’étaient pas relégués dans une maison de retraite, ils vivaient avec leurs enfants, qu’ils soient riches ou pauvres. Quand ce n’était pas ma grand-mère Yaya qui venait chez nous, c’était Papou, en alternance.

Papou était un monsieur petit et maigre, très chic en toute circonstance. Je l’ai toujours vu porter des costumes beige ou gris, avec un gilet dessous. Tout bien repassé, impeccable. Les chaussures cirées ; jamais de sandales, même en été.

Maman disait qu’il avait été très sévère avec elle quand elle était enfant, il lui voyait un grand avenir, il voulait qu’elle parle plusieurs langues, qu’elle fasse des études. Elle-même aurait aimé être maîtresse d’école, elle aimait apprendre et enseigner. La vie en a décidé autrement, comme on dit.

Durant ses séjours à Paris, Papou habitait dans la jolie petite chambre qui allait devenir celle de ma sœur aînée. Il avait des habitudes amusantes, il adorait le beurre et quand il y en avait, il le mangeait à la petite cuillère ! Malgré ça, il n’a pas succombé à un excès de cholestérol!

Il découpait dans les journaux des petits carrés de papier pour saisir des objets ou pour les envelopper, il avait horreur de toute forme de saleté ; s’il avait existé des gants de chirurgien en vente ordinaire, comme maintenant, il en aurait été le plus grand consommateur ! Maman disait : « Il est hypocondriaque ». Bien sûr je n’avais aucune idée de ce que cela signifiait !

Ce qui comptait, c’était que cet adorable monsieur discret et assez peu souriant, m’aimait. Il était même, paraît-il, « faible » avec moi, il « me passait tout ». Un exemple : quand je voulais le voir ou qu’il m’emmène en promenade, je donnais des coups de pieds dans la porte de sa chambre en hurlant : « Papou ! Papou ! Viens viens ! »

Comme il était quand même fatigué par la vie et l’âge, il tentait vainement de faire une petite sieste tous les après-midi. Essayez de mettre une enfant de moins de cinq ans au lit, quand elle veut aller courir dans un jardin !

Papou geignait : « J’arrive, j’arrive, arrête de cogner à la porte ! »

Maman et Papa étaient comme toujours à la tâche dans l’atelier. Elle venait voir ce qui se passait dans le couloir. Elle me voyait démolir la porte de Papou et entendait ses plaintes, alors elle disait, mi-amusée, mi-exaspérée : « Papa, emmène la petite au jardin ! » Et lui : « Je viens, je viens ».

Après, il fallait décider si on irait au Square Béranger ou au Square des Vosges. Le square Béranger était au bout de la rue de Bretagne, pas loin du Marché aux Enfants Rouges. Il y avait un joli étang, avec des rochers au milieu, des canards et une sorte de maisonnette où ils pouvaient s’abriter. On avait la chance d’avoir beaucoup de moineaux autrefois, les vrais moineaux de Paris, pas que des gros pigeons et des corbeaux gras comme maintenant. Pour Papou, ces moineaux, c’était une calamité, ils lui balançaient immanquablement leurs fientes sur le crâne dégarni, et il en était malade. Il sortait son grand mouchoir de lin et s’épongeait en jurant à voix basse. Il n’avait qu’une hâte, pauvre Papou, rentrer à la maison et s’allonger un peu pour oublier ce monde cruel.

D’autres fois, on allait au Square des Vosges, au bout de la rue de Turenne. Là, il y avait pour lui le supplice de la poussette. Quand il me voyait attraper une petite poussette et une poupée, il se tournait vers Maman et geignait : « Ah mon Dieu, non, pas la poussette, pas la poussette ! » Il savait qu’à l’aller, je la pousserais allégrement, mais qu’au retour, ce serait lui qui serait de corvée pendant que je courrais te sautillerais sur les pavés du trottoir.

Il faut se remettre dans le contexte : autrefois, les hommes se sentaient humiliés de pousser des landaus, de porter des cabas à provisions. Ils acceptaient de soulever des valises ou des malles, parce que ça c’était leur travail, c’était viril, protecteur envers leurs faibles femmes. Mais leur demander de porter triomphalement une botte de poireaux ou une poupée, c’était de la torture mentale.

Il y a eu deux hommes dans mon enfance qui m’ont vraiment aimée : Papou et Papa. « On ne sait rien » dit Jean Gabin dans une chanson, mais ça au moins, je le sais.

Hélène Merrick

http://helenemerrickparelle-meme.blog50.com/

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Les Anti-mémoires du Père François – une histoire de chat

 

 

 

 

 

(Chat de banlieue, à l’heure de la vaisselle)

Lorsque vous commencez à vous intéresser à vos « semblables » (ce qui peut vous tomber dessus à n’importe quel âge), vous êtes fatalement conduit à les questionner sur leurs souvenirs (« Dites, c’était comment, il y a cinquante ans? ») et à confronter leurs expériences à la vôtre.

C’est dans cette intention que je suis allé visiter récemment l’un de mes voisins, avec qui j’ai eu cet échange singulièrement enrichissant.

« Dites-moi, Père François, vous avez bien eu un chat quand vous étiez jeune? »

« Ah oui, dame… »

« Il s’appelait comment? »

« Rocco. »

« Il était Italien? »

« Non, mais il avait des frères. »

« Je vois. Et vous l’avez eu très petit, je crois. »

« Minuscule. Il avait tout juste quelques jours. »

« Et qu’est-ce qui s’est passé le lendemain de son arrivée chez vous? »

« Il a disparu. »

« Comment ça? Il s’est échappé? »

« Non, j’ai cru qu’il s’était échappé. En fait, il s’était caché derrière le frigo. »

« Ça alors! »

« Vous savez, c’est farceur, un chat. De mon temps, en tout cas. »

Un long silence s’installe. Nous savourons et méditons ce qui vient d’être dit. Une heure plus tard, je prends discrètement congé, laissant le Père François à ses merveilleux souvenirs.

Les vieilles gens ont tant à nous apprendre.

O. E.

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Préserver la mémoire de parfums rares

Ci-dessous, les premières lignes du portrait d’un « collecteur de parfums rares », signé Nicole Vulser :

Profession : collecteur de parfums rares

« Avec sa tignasse blanche et son costume sombre de monsieur distingué, il a un petit air du Professeur Halambique dans Le Sceptre d’Ottokar d’Hergé. Suisse allemand de Saint-Gall, Roman Kaiser, 65 ans, doit être le seul au monde à exercer sa profession. Si unique qu’elle n’a même pas de nom. Chimiste de formation, c’est un globe-trotteur qui traque les parfums des plantes en voie de disparition. Depuis plus de dix ans, il participe à des expéditions pour trouver des espèces exotiques de plus en plus rares, dans les îles Hawaï comme dans la région florale du Cap, en Afrique du Sud, les montagnes du Vietnam, la Sierra Madre au Mexique, ou il survole en dirigeable la canopée de la forêt amazonienne… »

http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2010/12/04/profession-collecteur-de-parfums-rares_1449004_3224.html

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« Il est des maisons qui donnent des ordres… »

Claire Garsault : Ermont, MA maison

ll est des maisons qui donnent des ordres. Elles sont plus impérieuses que le destin : au premier regard on est vaincu. On devra habiter là.

Amélie Nothomb, Les Catilinaires

 

Alain aimait aller faire le marché, et un samedi, en revenant, j’ai eu le droit à un : « Saint Prix ou Ermont ? »

La phrase était laconique et nécessitait certaines explications : « En passant devant une agence j’ai vu deux maisons qui pourraient nous plaire. Laquelle veux-tu aller voir en premier ? ».

Je ne sais pas pourquoi, mais mon choix premier se porta sur Ermont.

Rendez-vous fut pris : un samedi à 14 heures.

Mes exigences étaient très claires : pas trop loin de la gare, pour Alain qui était un réfractaire du permis de conduire et ne se déplaçait qu’en transports en commun ; Et surtout, surtout pas en double mitoyenneté, car j’en avais soupé de vivre avec des voisins envahissants. Et puis, j’avais envie de faire le tour de ma maison ; c’est plus pratique pour faire passer une tondeuse.

La personne de l’agence nous donne rendez-vous dans une rue que je connaissais bien pour l’avoir arpentée tant de fois pendant mes années d’étude pour me rendre à la gare.

Premier contrat rempli : la maison se situe à trois minutes à pied de la gare.

Le premier contact n’est pas encourageant ! Une maison de ville, en meulière jaune (je n’ai jamais été fan de la meulière) ; donc mon premier mouvement est de refuser. Et d’aller donner une chance à Saint Prix.

Mais elle avait un je-ne-sais-quoi d’attirant avec sa courette et surtout son banc (j’adore les bancs style banc public). S’y reposer le soir avec un bon livre et un verre de rouge, hum… Pourquoi fallait-il qu’elle soit en double mitoyenneté ?

Puisque nous sommes là, autant continuer la visite. Quelques marches à gravir, nous mènent au perron, pratique les jours de pluie ! La porte en chêne avec ses carreaux en verre cathédrale, quelque peu abîmée par les loyaux services qu’elle avait dû rendre, nous accueille et nous laisse entrer ….

Je ne sais par quel ensorcellement, je me suis sentie tout de suite bien dans cette maison. Chaque pièce que nous visitions me paraissait merveilleuse, je les voyais telles qu’elles pourraient être et non telles qu’elles étaient vraiment. Cette maison était ma maison, j’en étais sûre.

Elle semblait me tendre les bras, elle avait dû décider que nous serions ses prochains résidents, ceux qui allaient lui rendre sa splendeur d’antan, ceux qui allaient la faire revivre, la remplir de cris d’enfants, de courses dans l’escalier …

Devant nous, une entrée couverte de cette mosaïque à l’ancienne, faites de petits morceaux colorés qui n’ont pas résisté aux différents travaux et qui ont été remplacés par de banals carreaux blancs.

Puis, venait ce que nous avons appelé l’office, l’ancienne cuisine, qui était suivie par la cuisine. Une cuisine à l’ancienne avec son garde-manger sous la fenêtre et son armoire frigorifique dont le moteur se trouvait dans le garage.

Au même niveau, il y avait le salon et la salle à manger. Alain a tenu à conserver les portes séparatrices ajourées de carreaux de verre. Il aimait l’idée de ces deux pièces que l’on pouvait à volonté réunir ou séparer ; notamment si nous avions un invité imprévu et que la table était déjà mise.

Un escalier de bois aux montants ouvragés dont le premier pilier arborait fièrement une boule de bois, menait, à mi-étage, à une salle de bain.

Quelques marches supplémentaires et c’était l’espace des chambres. Chaque enfant avait la sienne. La nôtre elle, avait son boudoir qui fut transformé en boudoir-dressing, et la pièce attenante serait notre chambre.

Encore une volée de marches et deux soupentes destinées à accueillir nos bureaux. Pour la première fois nous avions chacun le nôtre !

En passant par l’office, un grand jardin nous attendait. Aménagé à l’ancienne avec le massif de roses limité par une haie de buis ; un verger au fond. Espace de jeu merveilleux pour les enfants : un bac à sable dans la fosse à compost, un portique dans la partie verger. Une terrasse pour accueillir les amis les jours d’été…

Il ne nous fallut pas beaucoup de temps pour se décider, terminé l’angoisse du passage de la tondeuse, on la portera !

Notre maison ! C’était elle ! Mais qui avait choisi l’autre ? Je suis persuadée que c’est elle qui nous a choisis. Elle s’était montrée sous son meilleur jour, certes sa tenue était un peu défraîchie, mais qu’importait nous lui redonnerons une deuxième jeunesse. Un peu de relooking par-ci par-là…. Un bon coup de peinture et hop !

Les travaux pouvaient commencer. Mais, des trois mois prévus, il en a fallu huit ! Finalement, notre vieille dame avait bien caché son jeu ! Elle nous avait réservé quelques vilaines surprises comme : une plomberie encore au plomb, une électricité qui n’aurait pas supporté deux lampes branchées en même temps, un chauffage à reconsidérer, une partie du toit à refaire …. Nous ne lui en avons plus voulu quand enfin nous avons emménagé !

Elle avait fière allure, tant à l’extérieur avec ses volets et ses balustrades en fer forgé repeints, qu’à l’intérieur, où nous avions voulu que chaque pièce garde son jus d’origine : les corniches ouvragées, les panneaux en bois protégeant la partie basse des murs et les cheminées d’angle en marbre.

La cuisine et la salle de bain avaient été complètement réorganisées. Si bien qu’Alain, une fois la cuisine, tout en laqué blanc, installée, avait décidé de « manger au sous-sol » car il ne fallait pas l’abîmer. Seul objet de sa colère quasi journalière dans cet espace luxueux, le coin repas annoncé comme « sympa » par la cuisiniste et qui s’est révélé malcommode et gênant dans la gestion des repas.

Nous étions fiers de la salle de bain, qui nous permettait de tenir à quatre : deux dans le bain, un sous la douche et un au lavabo. Il est évident que cette situation ne se s’est jamais présentée !

S’il nous avait fallu une preuve que cette maison avait décidé qu’elle serait la nôtre, c’est notre chatte Bérangère qui nous l’a confirmé : Sa boîte à peine ouverte, elle s’y est promenée comme si elle y avait toujours vécu. Il semblait qu’elle aussi, était enfin chez elle.

Ce furent seize années de bonheur, jamais elle nous a déçus. Elle nous a aimés et protégés. Lorsqu’il a fallu la quitter après la mort d’Alain, j’ai eu la sensation d’être une exilée qu’on avait arrachée à son pays. Elle a été et restera MA MAISON.

Il m’a fallu bien des années avant que mon nouveau chez-moi devienne mien. Mais ça, c’est une autre histoire.

 

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Un au-delà de la Mémoire (à propos de CITIZEN KANE)

 

 

 

 

L’histoire du cinéma hollywoodien obéit, curieusement, à des cycles décennaux, marqués par des changement décisifs, comme le passage du muet au parlant au seuil des années trente, l’émergence de la télévision dans la première moitié des années cinquante, la levée de la Censure et la fin de la Liste Noire dans les années soixante, etc.)

Les années Quarante sont celles de l’accession à la pleine maturité du cinéma hollywoodien, sous l’influence d’une multitude de facteurs, dont l’entrée en guerre des Etats-Unis et l’afflux massif d’immigrés au sein des studios. Mais les Forties, apothéose du style classique, se singularisent  aussi très tôt par l’apparition d’un cinéma de la Mémoire qui emprunte d’abord la voie du thriller néogothique (REBECCA, film pionnier fidèlement adapté d’un roman de Daphne du Maurier « décalqué » de Jane Eyre), puis du film noir (LAURA de Preminger, ANGOISSE, LA FÉLINE, PENDEZ-MOI HAUT ET COURT de Tourneur, SINGAPOUR et LE MÉDAILLON de John Brahm, LA 7ÈME VICTIME de Mark Robson, etc.)

Une dialectique savante du clair/obscur et de la présence/absence s’installe alors dans le cinéma américain. Présent et passé, vérité et mensonge, rêve et souvenir  entrent en résonance, incitant le spectateur à une appréhension plus mature d’un réel frappé durablement du sceau de l’ambiguïté.

Le prologue et l’épilogue de CITIZEN KANE se rattachent à ce courant « noir », inscrivant l’histoire de Charles Foster Kane entre deux moments d’une tonalité résolument funèbre : le « No Trespassing » qui barre dès la première image l’accès à Xanadu, et les flammes qui dévorent dans le dernier plan le traineau « Rosebud », réduisant en cendres l’hypothétique « secret » de Kane.

Après la mort du milliardaire, un brillant et très caustique pastiche des actualités « March of Time » résume la flamboyante saga de Kane. Ces images ne sont que l’écume d’une vie, elles sont les flashes qu’en retiendra sous peu l’oublieuse et frivole mémoire collective. Elles ne peuvent prétendre constituer un portrait. Un reporter, Jerry Thompson, est donc chargé par son journal de « profiler » Kane et de trouver la « clé » de sa personnalité en dévoilant le sens caché du dernier mot sorti de ses lèvres : « Rosebud »…

Le cœur du film sera cette longue enquête à tiroirs, ouvrant sur une série de témoignages et réminiscences, où l’objectif et le subjectif sont inextricablement mêlés. Se succèdent ainsi à l’écran : la deuxième épouse de Kane, Susan Alexander, son tuteur et futur administrateur Thatcher, son ancien rédacteur en chef à l’Inquirer, Bernstein, son ex-ami, le journaliste Jedediah Leland, Susan pour un nouvel entretien, et enfin, le cynique maître d’hôtel, Raymond, qui met un point final à l’enquête sans permettre à celle-ci d’aboutir à une conclusion intellectuellement satisfaisante. Les récits de ces divers témoins sont présentés dans l’ordre chronologique, à l’exception de celui de Thatcher, qui nous ramène à l’enfance de Kane, semblant pointer par là même la « zone d’ombre » la plus déterminante de sa vie. Ils retracent la chronique d’une fulgurante ascension, suivie d’un lent déclin dans la vieillesse, l’amertume et la solitude. Comment reconnaître dans l’homme décrépit des dernières scènes, pantin furieux s’acharnant à tout détruire de son passé, le fringant séducteur avide de pouvoir et riche de promesses qui accédait à vingt-cinq ans aux sommets de la gloire? De ce formidable matériau romanesque, le script résolument sceptique de Welles et Herman Mankiewicz sape tout ce qui pourrait, le magnifiant, en faire épopée moderne. En faisant de Thompson un simple scribe, myope, borné, incapable de dépasser les apparences, Welles souligne ironiquement l’absolue vanité de son entreprise. Que peut saisir un tel portraitiste de l’évolution chaotique, des contradictions, des déchirements intimes du Citoyen Kane. Là où il faudrait un romancier, c’est un simple journaliste qu’on envoie au charbon.

Kane continuera donc de nous échapper, comme il s’échappait à lui-même. « Qu’importe ce qu’on dit d’un homme après sa mort? », murmurera, maussade, Marlene en conclusion de LA SOIF DU MAL, faisant ainsi écho à ce film foisonnant, qui continue de défier l’interprétation. « La vérité est ailleurs », au-delà des souvenirs, au-delà des fragiles témoignages humains. Au-delà de la Mémoire…

O. E.

(Posté parallèlement sur le blog ECRANS PARTAGÉS D’OLIVIER E. (http://waldolydecker.blog.lemonde.fr/) où plusieurs films « de mémoire » ont été analysés en détail, dont LAURA et REBECCA )

 

 

 

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